Récit du voyage au Togo du 15 janvier au 3 février de l’association INDIGO
Départ de Lomé, capitale du Togo, le dimanche matin – avec Bernard Besançon président de Cap-Togo, Monsieur et Madame Bakpessi, membres togolais de Cap-Togo, Patrick Barbaran et Anne Fühler de l’association Indigo et Marco Brutschin, formateur en biodynamie à Bâle membre d’Indigo – pour le nord du Togo à Cinkassé dans la région des savanes proche de la frontière du Burkina Fasso (voir cartes des régions).
Nous nous arrêtons à Sokodé (cf carte des villes) faire une courte visite chez Joseph Arizina Tcha, maraîcher en biodynamie, qui ce jour-là préparait des semis. La saison sèche est là et les plantes sont recouvertes de feuilles de palmier pour garder l’humidité. Jovial, Joseph nous entraîne dans son jardin où chaque plante attend son semis. A proximité de son jardin Jean-François Boisson et ses ouvriers finissent la charpente de l’appatame du centre de formation à l’agroécologie (projet mené pour CAPTOGO-BIO par Bernard Besançon : voir la rubrique correspondante sur le site) qui devrait être achevé en juin-juillet si tout va bien. Le forage d’une cinquantaine de mètres de profondeur est terminé, il va alimenter en eau le centre et fournira également en eau la population ; les baraques autour de l’appatame sont en voie d’être terminées. Le centre-école devrait fonctionner dès avril 2017 avec le réseau des agro-écologistes du Togo (RENAAT) et des formateurs européens (Suisse, France, Allemagne). Repartons vers Kara (cf carte des régions), visite du Centre Technologique et Universitaire fondé par Mr Bakpessi, dont fait partie l’Institut Supérieur de Gestion et de Documentation construit avec l’aide de PROJESTA (environ 450 étudiants). Le deuxième étage est en travaux et devrait être achevé cette année.
L’harmatan souffle, piste rouge, nous abordons la région des savanes (cf carte des régions), feux de brousse au bord des routes, nous percevons dans la brousse des peuls avec leurs troupeaux de vaches aux cornes élancées. La poussière est omniprésente, soulevée par les vents, elle charge même le ciel.
C’est la région des Kabyés, peuple d’agriculteurs qui cultivent en terrasse depuis des millénaires. Arrivons à Cinkassé où nous sommes attendus à la préfecture. Brève présentation de notre délégation et échanges avec le préfet autour du développement de l’agro-écologie par le centre de Jacques Nametougli, le CD2A sur 50 ha. Jacques nous présente son Centre de Développement Agricole et Artisanal qui est composé d’une maison d’accueil avec atelier de couture et de tissage, de deux maisons d’internat – 60 jeunes filles sont hébergées sur le site – d’un poulailler et de plusieurs hectares de champs cultivés. Jacques est ingénieur en agronomie, formé à Bamako, son père agriculteur était un modèle pour lui, il est également président du RENAAT et a été très influencé par la philosophie salaisienne de Don Bosco. Ce prêtre italien vivait pendant la révolution industrielle et a formé de jeunes ouvriers. Jacques nous emmène visiter certains sites connexes au CD2A. Nous avons visité ainsi Poissonguy, village où l’on cultive les tomates, qui sont ensuite acheminées vers Lomé pour la commercialisation. Visite à l’école primaire de Poissonguy. Chaque famille dans le village a une parcelle qui lui est allouée et qui lui permet d’avoir une rentrée d’argent. Visite d’un autre village où l’on cultive l’oignon, rencontre d’un crocodile à proximité.
Après une visite des champs du CD2A, réunion avec les agro-écologistes du RENAAT de la région des savanes. Passage chez Joseph à Sokodé et à l’école en construction par Jean-François Boisson. Visite chez Mr Sambiali, député, de l’association Afrique Ecole qui tient une ferme dans la brousse avec élevage de canards sauvages de la savane.
Arrivons à Kpalimé dans la région des plateaux (cf cartes), réunion du RENAAT au CEFAPE, centre de formation qui pratique aussi l’écotourisme, tenu par Mr Simon Todzro, l’un des pionniers de l’agro-écologie sur Kpalimé.
Visite chez Rosalie, jeune coiffeuse qu’Indigo a aidée à obtenir son apprentissage et à s’installer. Le salon est très joli, bien aménagé, c’est le plus beau de Kpalimé, d’habitude les salons de coiffure sont plutôt des cabanes en bois plus ou moins équipées. Discussion un peu houleuse avec Rosalie, Akuete et Bobby qui ont installé le salon…Rosalie veut changer d’emplacement, dit qu’elle n’a pas assez de clients etc. Nous refusons sa demande qui semble vraiment saugrenue et engageons des frais pour faire des flyers. Nous lui apportons les flyers deux jours après et essayons de la motiver.
Visite chez Komla Zivi Toussaint de l’association GAVISA (Groupement d’Action pour une Vie SAine au Togo). Arrivés à Yiéviépé – petit village situé à 15 km de Kpalimé – Komla nous accueille avec grande sympathie. Nous traversons une petite rivière sans pont et prenons le chemin vers la ferme à travers la brousse, ici et là quelques termitières, les herbes folles piquent nos mollets ; marchons 2 km pour arriver à la ferme de GAVISA.
C’est une première pour Anne et Marco qui vont découvrir la ferme que notre association soutient maintenant depuis quatre ans. Anne trouve l’atmosphère aérienne et sereine. Notre partenariat a permis la construction d’un appatame qui accueille les visiteurs et où Komla donne les cours, la cuisine en bambou et terre sèche est modeste mais suffit pour cette petite communauté de six personnes.
Jouxtant la cuisine, une cabane pour abriter les outils et les vêtements de travail… Le progrès du maraîchage est flagrant entre 2014 et 2016 et va s’étendre encore. De nombreux champs sont encore en jachère et attendent la plantation des plants de cacao et d’ananas. Dans les champs cultivés pour l’instant s’alignent salades, carottes, aubergine, ademe – petite plante locale qui sert à faire des sauces-, basilic, ananas, papayes etc…
Le poulailler dont la construction a débuté en 2015 est en voie d’achèvement et compte à terme recevoir 500 poules du Bénin. Ce qui permettra de faire des bénéfices financiers, chose qui n’est pas possible actuellement grâce au seul maraîchage, qui permet uniquement d’équilibrer les recettes et les dépenses de fonctionnement. L’ouvrage est bien réalisé mais la charpente reste à consolider.
Un jour après notre arrivée, Marco a dispensé une formation d’une journée aux techniques principales de la biodynamie. Vingt personnes étaient présentes (agriculteurs locaux et membres d’associations ayant un lien avec l’agriculture). Les points abordés furent les suivants :
- le rôle de la vache en biodynamie
- les préparations bouse de corne et le préparat 501 avec le quartz ;
- l’apport du calendrier des semis, de l’importance de travailler avec la force de la lune et des planètes ;
- le traitement des maladies et plaies ;
- le compost ;
- les plantes associées ;
- une technique de purification de l’environnement indienne par un feu rituel : l’Agnihotra ;
- dynamisation de l’eau avec les cendres de l’Agnihotra ;
- le fertilisant puissant Jiwanrita (composé de fumier de vache, de banane ou jus de sucre de canne, urines de vaches, cendres de l’Agnihotra, terre de ficus bengalensis).
A midi, un excellent repas local fut servi aux stagiaires : le djamkoumé, pâte de maïs mélangé à de la tomate. La journée de formation a rencontré un grand succès.
La commercialisation des produits restent à améliorer ; pour l’instant les légumes et fruits sont vendus via Simon du CEFAPE sur un marché à Lomé et aux villageois de Yiéviépé en direct. L’idéal serait de pouvoir acheminer plus facilement les produits à Kpalimé, pour cela nous envisageons d’acheter une moto avec une remorque et de construire un pont au-dessus de la petite rivière qu’il y a à traverser. Voilà le prochain projet pour 2016-2017 !